colony collapse disorder
Avec
Mirko Baselgia, Vanessa Billy, Samoa Rémy
Sonnestube, Lugano
15.04 - 14.05.2016
commissariat avec Laura Giudici
Save the
bees ! Greenpeace a récemment choisi l’abeille comme emblème de
ses luttes et interpelle les passants sur le phénomène du colony collapse disorder (symptôme d’effondrement des colonies).
Ce phénomène, constaté dans toutes les régions du monde,
est provoqué par des causes multiples, à la fois naturelles et d’autres, la
plupart, liées aux actions de l’homme. Ainsi les colonies après l’hiver sont presque
désertées, une grande partie des ouvrières ont disparu et il ne reste que la
reine avec quelques abeilles trop faibles pour la protéger. Particulièrement
visés, les pesticides auraient pour effet de désorienter les abeilles qui ne
retrouveraient plus le chemin de leur ruche.
Le capital sympathie de cette cause est peut-être à
chercher dans la proximité symbolique entre l’humain et l’abeille, un des plus
anciens animaux à avoir été domestiqués. L’organisation sociale des abeilles a
en effet souvent été prise comme modèle d’organisation des sociétés humaines,
notamment le lien à la reine et le travail en communauté, mais aussi la
communication entre les insectes ou la structure des ruches. Dans cette relation
d’équivalence, le chaos dans la société des abeilles causé par le colony collapse disorder annonce la
menace qui pèse sur la société humaine, une catastrophe à venir.
Si les
abeilles venaient à disparaître, l’espèce humaine n’aurait que quatre ans à
vivre : cette fameuse citation, attribuée (probablement à
tort) à Albert Einstein et dont le fondement scientifique reste à prouver, pointe
néanmoins une réalité très problématique, à la fois dans le domaine de
l’environnement et dans celui de l’économie. Les abeilles jouent en effet un
rôle capital dans la pollinisation de la plupart des cultures, nécessaire et difficilement
remplaçable.
L’urgence et la gravité de la situation pourraient toutefois
être l’occasion de véritablement repenser notre rapport au monde et en
particulier l’utilisation des ressources ; selon le philosophe Bruno
Latour ce pourrait même être une chance, dans la mesure où cela pourrait
ébranler les mentalités et conduire à des prises de conscience suivies d’effets
concrets. Pourtant les politiques se limitent à des signes de bonne volonté, les
multinationales refusent de prendre des décisions qui pourraient aller contre
leurs intérêts, et devant ce manque de mesures concrètes les citoyens en sont
réduits à se mobiliser à un niveau extrêmement local.
Tout en portant avec lui ces enjeux multiples, le
phénomène de colony collapse disorder
agit comme un polarisateur de l’exposition. Chacun à leur manière, les artistes
ont des préoccupations environnementales et explorent de manière
directe ou allusive des problématiques connexes – tensions évoquées par l'idée
de collapse, mise en péril des ressources et des espèces. Leurs
œuvres soulèvent des paradoxes, et, mi-romantiques mi-conceptuelles, elles
proposent des formes de pensée par
l’image.
Conçues pour l’exposition, les œuvres de Vanessa Billy se
concentrent sur l’idée d’énergie et d’obsolescence : des câbles
électriques ou un moteur de voiture récupérés côtoient des citrons pressés en
résine artificielle ou latex. Pointant les liens fragiles qui unissent l’homme
à son environnement et aux ressources naturelles, Samoa Rémy développe une
recherche iconographique sur l'usage des pesticides, et réalise une
installation mettant en scène deux pelles qui s’affrontent. Quant à Mirko
Baselgia, une sculpture-ruche est présentée à côté de George, photographie d’un oiseau empaillé d’une espèce aujourd’hui
disparue.