flux
collaboration avec les espaces d’art
× àDuplex
× àDuplex
× forde
× HIT
× Limbo
× Zabriskie Point
× Milkshake Agency
× one gee in fog
artistes présenté·e·s
Jérôme Baccaglio / Josse Bailly / Miriam Cahn / Claude Cortinovis / Guillaume Dénervaud / Christoph Draeger / Camille Dumond / ghalas, l. m. et rita des ateliers ohouhou / Jeanne Gillard, Emilie Gleason, Nicolas Rivet / Clément Grimm / Fabrice Gygi / Alain Huck / Paul Hutzli / Auteur inconnu / Thomas Liu Le Lann, Sehyoung Lee / Alla Malova / Anne Minazio, Jessy Razafimandimby, Finn Massie / Manuela Morales Delano / Cecilia Moya Rivera / Émilie Notéris, Callisto McNulty / Reema Nubani / Carmen Perrin / Céline Peruzzo / Carole Roussopoulos, Delphine Seyrig / Anne Sauser-Hall / Yuki Shiraishi / Beat Streuli / Pierre Terbois
texte d'intention
La notion de flux s’oppose à celle de stock et de patrimoine
larousse.fr
flux, seconde exposition de la programmation ever ever expanding waves, propose une collaboration avec plusieurs espaces d’art, actifs actuellement à Genève, qui travaillent en lien étroit avec la (jeune) scène artistique.
Chaque espace a été invité à choisir quelques œuvres dans la collection du FMAC et à présenter dans l’exposition une intervention en écho à ses activités et engagements. De cette donnée de départ ont émergé des propositions diverses : invitations d’artistes à réaliser de nouvelles pièces en lien avec une sélection d’œuvres ; formes de délégation et de collaboration ; déplacement d’éléments liés à l’espace d’art dans les locaux du FMAC. En résulte une exposition foisonnante et multiple, engagée, à l’image de ce que peut être la scène des espaces d’art à Genève.
Avec ce titre, flux aimerait souligner les circulations et les énergies à l’œuvre dans les espaces d’art, et rappeler le rôle essentiel de ces lieux dans l’écosystème artistique – à Genève comme ailleurs. Les espaces d’art indépendants sont en effet des lieux où les artistes font leurs premières expériences – intermédiaires entre l’école d’art et l’institution ou la galerie ; mais aussi des espaces d’expérimentation pour des artistes confirmé·e·s, hors des attentes des institutions et du marché ; des contextes propices aux collaborations et aux croisements des champs de la création. Les engagements personnels et collectifs peuvent y être affirmés de manière franche, faisant directement écho à des sujets d’actualité ou des enjeux de société. Ce sont enfin des lieux de rencontre et de partage qui ont une importance particulière dans la pratique des artistes.
Ces flux d’énergie sont pourtant fragiles et précaires. Développés par une ou plusieurs personnes, les espaces d’art autogérés fonctionnent généralement sur un engagement bénévole ou peu rémunéré. Cela tend à évoluer ces dernières années, avec une attention accrue à la reconnaissance et à la rémunération des travailleur·euse·s culturel·le·s. Mais si les structures rémunèrent parfois certains postes (hono-raires d’artistes, administration, communication, photographies notamment), la gestion opérationnelle du lieu à proprement parler reste le plus souvent bénévole ou partiellement défrayée. En cause, la difficulté à obtenir les fonds suffisants et souvent l’impossibilité (réglementaire) de les utiliser pour le fonctionnement du lieu. Cette incertitude et une forme de lutte permanente pour obtenir les budgets impactent sur l’énergie des équipes, avec un risque d’épuisement qui conduit régulièrement des initiatives – pourtant reconnues de la scène artistique et des pouvoirs publics – à cesser leurs activités.
Pour autant, l’énergie continue de circuler, se déplace, se transmet de loin en loin, et d’une manière ou d’une autre se renouvelle. ever ever expanding waves, comme le suggère le titre de la programmation 2024, les projets de lieux autogérés continuent d’émerger, de se déployer avec autant de nécessité que d’enthousiasme, d’agir comme les catalyseurs d’une génération et d’une scène artistique toujours en mouvement.
La sélection d’espaces présents dans l’exposition flux permet de voir une diversité de modèles, de fonctionnements et de types d’économie – sachant que le budget le plus élevé reste très en-deçà d’autres structures culturelles soutenues de manière pérenne par les pouvoirs publics. On peut observer parmi eux des stratégies d’adaptation et de changement – certaines équipes se renouvellent entièrement (c’est le cas de one gee in fog, du collectif Limbo qui gère l’espace Zabriskie Point, de forde qui change d’équipe tous les deux ans, de àDuplex qui a toujours fonctionné sur un mode de collectif évolutif et mouvant) ; tandis que d’autres modulent et adaptent leurs activités, développent les collaborations (Milkshake Agency), voir changent de structure (HIT poursuit son activité sous forme de galerie dès 2025).
En réalité, l’exposition flux ne parle pas de cela – elle est plutôt le reflet indirect de tous ces engagements. On peut voir dans l’exposition plusieurs dialogues entre des acteur·ice·s fortement impliqué·e·s dans la scène artistique de leur temps avec une collection patrimoniale marquée par les politiques d’acquisition de plusieurs époques. Les six propositions fonctionnent chacune de manière cohérente et permettent de lire certaines spécificités des espaces d’art ; entremêlées par l’expérience de l’espace et de l’accrochage, les narrations qu’elles déploient se rencontrent et se font écho, permettant à d’autres récits d’émerger.
crédits photos : Julien Gremaud