le pas funambule
Avec Darren Almond, Vanessa Billy,
Etienne Chambaud, Mio Chareteau,
Elisabeth S. Clark, Laurence Descartes, Markus Kummer, Mohéna Kühni,
Anne Le Troter,
Alvin Lucier,
Tony Morgan, Rivane Neuenschwander & Cao Guimarães
Halles de la Fonderie, Carouge
18.04-26.05.2013
Quand le funambule marche son fil, tout se
concentre dans son pas, qui met en jeu son corps et les conditions extérieures,
avec lesquelles à la fois il lutte et sur lesquelles il s’appuie. Figure d’un
impossible rêvé, seul au-dessus du vide, le funambule défie les lois
naturelles, prend des risques, s’adapte et se renouvelle sans cesse. Entre son
départ et son arrivée, le temps est comme suspendu – un temps où tout peut
arriver.
De cette figure fantasmée – dépouillée des
bruits du cirque et d’un certain sensationnalisme –, on aimerait conserver une
image mentale, légèrement floutée et décalée, mais toujours reconnaissable. À
travers ce prisme, le processus de création pourrait porter la trace du pas
funambule, possible paradigme de la création artistique.
Entre les prémisses d’une œuvre et la forme
qu’elle prendra, il y a un écart, un cheminement à la fois mental, temporel et
concret – une certaine versatilité peut-être, des points de bascule.
Une œuvre se construit sur une multitude de
strates et de variables, marquée par des souvenirs, des lectures, des
recherches, un imaginaire ; sensible aussi aux découvertes faites lors de la
réalisation, au comportement de la matière travaillée, aux questionnements sur
le but à atteindre, aux interférences extérieures, au temps qui passe (aussi
bien que le temps passé avec l’œuvre).
Que les artistes essaient d’effacer les
traces de ces parcours, ou au contraire qu’ils jouent avec ces données pour les
intégrer et les rendre visibles, chacun travaille dans et avec un
processus.
L’exposition ‘le pas funambule’ ne vise pas à
cerner les chemins de la création ni à en rendre visibles les ressorts, mais
propose plutôt d’expérimenter une impression – du funambule, on n’a peut-être
qu’un sentiment vague, mais on imagine le vide, l’équilibre précaire, le
cheminement.
Liées par association et par affinité
au pas funambule qui plane au-dessus de l’exposition, les œuvres présentées
intègrent une certaine fragilité comme point focal de leur développement.
Témoignant d’une capacité d’ouverture, d’une
disponibilité à ce qui arrive,
elles accueillent des variations, des changements de cap, des dégradations.
Elles désignent ou déroulent une temporalité particulière, induisent une
densification du temps, une intensité plus forte. D’une certaine ténuité émerge
la multiplicité des possibles.