ssoabs - say again ?
Avec Edgardo Aragón, Christoph Draeger, Dora García, Frédéric Moser & Philippe Schwinger, Mark Tribe, Ant Farm & Uthco
Prologue * Mark Lewis
Prologue * Mark Lewis
Médiathèque du FMAC
1.07 – 26.08.2017
 
    Si la répétition est un processus normal de compréhension et 
d’apprentissage, elle est également en psychanalyse la conséquence d’un 
traumatisme. Ce qui n’a pu être assimilé revient hanter le présent, se 
répétant parfois à l’infini – manière de se manifester à défaut d’être 
compris.
Au-delà de l’aspect traumatique, la répétition est aussi utilisée en 
tant qu’outil par différents champs, prenant parfois la forme d’enquête 
visant à comprendre les rouages, les logiques ou les détails d’une 
situation passée. Ainsi, spécialistes et amateurs rejouent par exemple 
des batailles ou des épopées, reconstituées le plus précisément possible
 dans une recherche d’authenticité. Davantage que le spectacle, cette 
pratique témoigne d’un intérêt pour l’adaptation de récits historiques 
dans une tentative d’appropriation de sa propre histoire. 
Ces questions sont également très présentes dans le champ de l’art, les artistes utilisant la technique du re-enactment (que
 l’on peut traduire par reconstitution) pour s’interroger sur la 
représentation de faits dits historiques et leur médiation. Performer un
 discours, recréer une situation, mettre en scène une archive sont 
autant de stratégies proposant de nouvelles interprétations d’un fait, 
de combler des vides ou de donner corps à des documents bruts. Visant à 
transmettre une position – à défaut d’énoncer une vérité –, les œuvres 
qui utilisent le re-enactment opèrent le plus souvent dans un 
écart, ne cherchant pas à créer l’illusion d’une reconstitution à 
l’identique mais à créer une expérience du passé dans un présent. Et 
c’est dans ces écarts qui prennent différentes formes – par exemple les 
habits, les protagonistes, les décors – que le lien au(x) présent(s), 
celui d’origine, celui de l’artiste, puis celui du spectateur, peut se 
développer. 
L’exposition say again? rassemble des pratiques artistiques 
où les images en mouvement n’agissent pas en tant que simple répétition 
d’un fait historique à l’identique mais en proposent une actualisation. 
Faisant référence à des événements particulièrement difficiles de notre 
histoire récente – notamment la guerre du Vietnam, les dictatures en 
Amérique latine ou les actes terroristes en lien avec des mouvements 
géopolitiques – elles les traitent par différents filtres, comme la 
théâtralité, la contemplation d’apparence poétique ou la littérature, et
 pointent ces éléments du passé tout en les inscrivant clairement dans 
le présent. 
Tandis que l’image (fixe ou en mouvement, médiatique ou privée) est 
un témoin privilégié des récits de l’histoire, et joue un rôle de plus 
en plus important dans la construction de l’histoire contemporaine, les 
artistes réunis ici confrontent les images sources avec celles qu’ils 
produisent. Dans l’interprétation qu’ils en proposent, ils soulignent 
aussi la manière dont la mémoire – personnelle ou collective – se 
constitue, et comment notre perception évolue au fil du temps et des 
événements.