vider la terre pour remplir le ciel, Vanessa Billy

exposition personnelle à Piano Nobile, Genève
22.02-13.04.2013
commissariat avec Marie Eve Knoerle
Avec une grande économie de moyens, les œuvres de Vanessa Billy (*1978, Genève, vit et travaille à Zurich), évoquent notre rapport aux choses et à l’environnement. A Piano Nobile, l’artiste présente un ensemble de nouvelles œuvres spécialement conçues pour le lieu.    

Profondément ancrée dans une curiosité pour les matériaux courants et les objets banals (industriels ou domestiques), la pratique de Vanessa Billy s’attache à explorer leurs potentialités, à les révéler en quelque sorte en les transformant ou en les associant. Qu’elle développe des processus pour observer le comportement des matières ou qu’elle utilise des éléments trouvés et porteurs d’anciens usages, l’artiste opère par le déplacement et la mise en relation, réinventant des formes toujours nouvelles.  

Dans ce dialogue permanent entre les éléments (avec les mots des titres, aussi), les œuvres de Vanessa Billy parlent des matériaux, de l’émergence et du devenir des formes, ainsi que plus largement de l’activité humaine, du fonctionnement des corps aussi bien que des actes et des usages quotidiens, ainsi que de la gestion des ressources.   Pour son projet à Piano Nobile, l’artiste a choisi de mettre l’accent sur un aspect particulièrement présent dans son travail, qui est l’idée de circulation, de transfert, de déplacement. Vider la terre pour remplir le ciel, comme un système de vases communicants, une transmission par porosité, par proximité, un échange de particules… Mais vider la terre implique aussi l’idée d’une perte, d’une utilisation abusive – on peut penser à l’exploitation des mines ou plus généralement des ressources naturelles.  

Circuits de transformation industrielle qui laissent à la fin du cycle de consommation des déchets irréductibles ; circuits économiques où les valeurs fluctuent ; production de masse qui remet en cause l’idée de nature… Si le travail de Vanessa Billy se fait l’écho d’une certaine inquiétude propre à l’époque actuelle quant à l’utilisation des ressources de notre planète, cela passe nécessairement par le poétique, qui est l’acte de faire – faire pour donner du sens.   

Dans une interview de 2010, l’artiste disait que le travail artistique lui permettait de penser par les choses, ‘think through things’. La pratique, la transformation des objets et des matériaux, l’assemblage des images et des mots, comme autant d’outils pour penser notre activité de tous les jours et notre rapport au monde.  
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